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ligent. En Pologne ce préjugé domine encore au point quunpeintre en miniature ayant avoué dans une haute sociétéquil avait fait lui-même les portraits que lon admirait, celasuffit pour quon cessât de le recevoir. On supposait quildevait avoir des esclaves pour travailler ses miniatures,comme or à des serfs pour travailler ses terres.


Lindustrie ne sest pourtant naturalisée quavec peine enFrance ; végétant sous la dure protection de la race conquérante,cest en pliant sous le joug, cest en payant au poids de lorle droit dexister, quelle à pu soutenir, sans mourir à latâche, le mépris et les vexations des hommes darmes ; maisquand la noblesse déposa larmure du croisé pour revêtirlhabit du courtisan, lindustrie profita du moins de ce re-virement dans les mœurs.

Louis XI fut le premier roi de France qui songea à en-courager les manufactures. Henri IV et Sully luttèrentutilement lun avec lautre pour stimuler les industriesmanufacturières et agricoles. Tandis que le ministre répétaitque labourage et pâturage sont les deux mamelles de lÉtat, etquil faisait planter à ses frais vingt mille mûriers dans lejardin des Tuileries et de Fontainebleau, le roi népargnaitrien pour favoriser les manufactures de tapis façon de Perse.la tapisserie de haute lisse, les glaces façon de Venise etlexploitation des mines.

Limpulsion donnée par Henri IV sarrêta sous Louis XIII ;mais elle fut dignement reprise par Colbert : grâce à lui, laFrance égala un instant lEspagne et la Hollande pour ladraperie, le Brabant pour les dentelles, lItalie pour les