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au bac, en intercalant des feuilles déjà séchées entre lescirconvolutions de la feuille continue.
Ce papier jaunâtre sert à l’emballage des étoffes et ob-jets de quincaillerie ; il n’est pas très-égal d’épaisseur,mais il offre une résistance telle qu’une bande de troismillimètres supporte le poids d’un kilogramme sans serompre. Il tire sa force des brins de bourre, dont quel-ques-uns ont la longueur de deux à trois centimètresaprés la fabrication.
Nous pensons qu’on ferait bien de tenter cette entre-prise dans le midi de la France, où les déchets prove-nant des cocons sont si considérables qu’un chimiste acru leur trouver un bon emploi, il y a quelques années,en conseillant de les faire servir à l’engrais des terres ;mais nous croyons qu’on a trouvé depuis lors le moyend’en tirer un meilleur parti.
Quoi qu’il en soit, l’Europe ne saurait réclamer l’in-vention du papier, qu’elle ne connait, comme les mou-lins à vent, que depuis les croisades. Ce mouvement duNord vers le Midi, semblable à celui des Huns sur l’Ita-lie et des Russes contre la France, n’était, en définitive,comme la plupart des invasions, qu’une attaque desbarbares du Nord contre la civilisation la plus avancéede l’époque.
Une douzaine de prisonniers français, ayant été em-ployés dans la papeterie d’un Sarrasin, rapportèrentcette fabrication en France ; parmi eux se trouvait unMontgolfier, souche des ingénieux descendants de la fa-mille actuelle, qui établirent en Auvergne les premièresmanufactures de papier.
Pendant le dix-septième siècle, la France fournissaitdu papier à toute l’Europe, qui n’entra en possession de